Pedro Vianna, avec Éric Meyleuc absent-présent, propose
La rubrique Poèmes du mois de ce site créé le 14 avril 2001 a déjà publié 2 448 poèmes de 176 poètes de 31 origines nationales, sans compter ceux de P. Vianna Et la fête continue ! Bonne navigation ! pour accéder directement à l'ensemble des recueils de P. Vianna (texte intégral au format ".pdf") cliquez sur RECUEILS (PDF) ET RÉFÉRENCES DE PUBLICATIONS DE P. VIANNA ET DE É. MEYLEUC et pour connaître ses prochaines activités artistiques cliquez sur |
Randonnée (extrait) pour Jean-Frédéric même s'il n'y comprend rien VOYAGE la création prend le pas le pied sur le trottoir l'idée dans le cerveau
tôt, le matin, le métro met longtemps à passer
le poème commence à Duroc direction Châtillon (ces wagons ont une autre gueule à six heures du matin) à Montparnasse le changement bienvenu je glisse vers la Nation la seule vraie nation de ma vie le terminus du métro
je ne crois pas aux patries je préfère l'être humain je romps les frontières pendant qu'elles sont obstacle j'ai arraché les racines le prix est lourd à payer les découvertes en valent le cri
métro connu chemin connu pensant au croissant au beurre au pain au chocolat au chausson aux pommes pour renforcer l'écriture
erreur de calcul ça n'ouvre qu'à six heures et demie
le temps d'écrire quelques lignes encore à la maison en-briques-en-vrac HALEINE allez le boulanger appelle les temps ont changé le bonheur existe l'amour est réel malgré les pressions c'est fini le temps des Roméos et des Juliettes c'est fini le temps des malentendus
l'amour est un bout de chemin fait ensemble un grandir en commun une vie entière vécue durant quelques tours de la montre
ça, messieurs les tout-puissants personne ne me le prendra cette croyance au bonheur cette exigence d'aimer
toutes mes amours sont plus fortes que vos barreaux tous mes baisers baume pour ces blessures que vous m'infligez
toute vie est un coup sur les chaînes la poésie c'est vie
voilà mes enfants mes vers qui se cherchent gauchers sans lyrisme cherchant à libérer les mots la forme le geste le cœur les utopies tout ça chemin du four qui rougit pour nourrir ma poésie inconnue des boulangers
"Bonjour, Monsieur" un peu indifférente à force d'être gentille pour bien vendre son pain
c'est agréable le sourire de la boulangère le premier du matin "Bonjour, Madame"
et je pense à l'équilibre récupéré pour avancer jusqu'au prochain point de déséquilibre
savoir que tout est relatif comme la couleur de tes yeux et que l'absolu y est comme le flot de sperme qui jaillit de tes entrailles
"Bonne journée, Madame" "Vous aussi, Monsieur"
je le souhaite vraiment elle, peut-être aussi LE ROI EST MORT VIVE LE ROI je rentre chez moi petit recoin où je me gare quand vous cognez trop fort et je n'en peux plus seul partie foncière du monde je me sens Phénix repoussant des cendres de ce feu sauvage rallumé par toi attisé par moi
je fends le ventre de ce croissant au beurre et mes dents savourent le goût du travail humain
dans ce pain au chocolat je dévore Paris et mes enfances tristes
dans le chausson je retrouve les pommes de mille ans d'histoire
et je me venge
de toutes les prisons de toutes les tortures de toutes les polices de tous les fascistes de tout le monde au nom de tous leurs victimes JE MANGE UN GÂTEAU AU CHOCOLAT c'est le droit que personne n'ôte à personne
se payer un gâteau au chocolat même s'il est créé à partir d'un biscuit dessiné sur l'emballage déchiré couvert de poussière, perdu dans un coin de cellule d'un stade-prison
c'est ça l'éternité un gâteau au chocolat mordu pour tous par ma bouche PROLOGUE je regagne mes vers le poème est fini je suis vidé
le bout de chemin est fait
(ça se vit cher, un poème)
il faut relancer le doute
se remettre en question
(manipulerais-je les gens?)
faire le prochain geste
embrasser les amours suivantes
offrir le prochain gâteau au chocolat
et maintenant il faut que je dorme
pedro vianna à Paris sur les bancs des quais du métro dans le métro à Albin-Cachot de six heures à midi et demi le 20.XI.76 Retour
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