Pedro Vianna, avec Éric Meyleuc absent-présent, propose
La rubrique Poèmes du mois de ce site créé le 14 avril 2001 a déjà publié 2 448 poèmes de 176 poètes de 31 origines nationales, sans compter ceux de P. Vianna Et la fête continue ! Bonne navigation ! pour accéder directement à l'ensemble des recueils de P. Vianna (texte intégral au format ".pdf") cliquez sur RECUEILS (PDF) ET RÉFÉRENCES DE PUBLICATIONS DE P. VIANNA ET DE É. MEYLEUC et pour connaître ses prochaines activités artistiques cliquez sur |
Découverte sculpture (bois médium teint, billes plastiques, miroir, métal, mousse, fil de laine, papier de mûrier, papier cartonné, feutre argenté, coupure de presse, feuille d'arbre, gant de travail, peinture acrylique), 2010 et poème de Pedro Vianna
photos pedro vianna un homme trop grand sur son petit balcon s'épanche dans le vide qui le sépare de l'horizon
et cherche un horizon au-delà de l'horizon
que vise-t-il
nul ne le sait ni même lui perdu entre les trames les méandres des désirs inassouvis
il monte il grimpe il flotte bercé par les vagues que suintent les vents de ses rêves déployés dépliés il devient plus léger qu'une tendre pensée plus mortel qu'une vie qui commence plus fatal qu'une nuit sans amours qu'un adieu d'amour absent plus vaste qu'un amour sans adieu soudain
au-delà de l'horizon
il la voit
son image idéale son idéal imagé imaginé depuis longtemps depuis ce temps où il se croyait encore possible compatible et déterminé
une espèce de système du premier degré à une seule équation à une seule variable et sans terme indépendant
il redécouvrit ainsi le reflet de sa pensée d'enfant l'enfant du reflet de sa pensée le reflet de sa pensée sur lui enfant qui rêve d'adulte
et là-bas au bout au bout là-bas tout bas en bas tout près à la portée de sa main encore timide le paradis s'exhibe
obscène tentateur enivrant
il est il n'est pas
lui le paradis
lui sans paradis
entre lui et sa main et lui
un gouffre
à la portée de sa main au loin là-bas là-bas au loin tout près aux confins du paradis
– la décision –
le choix qu'il n'eut pas le choix qu'il a fait le choix qu'il n'a plus
il ne rêve plus à présent il vit et il rit et il se dit qu'il va plus vite qu'il ne l'aurait cru que c'est plus long plus lent qu'il ne l'aurait fallu
et dans le miroir de sa réalité muée en songes il revoit la griffe de sa vie sa vie dans la vie
et il vit le moment qui met fin à tous les instants à tous ses instants à tous les instincts l'instant sans suite la mort du temps le temps des morts le mirage
le mirage son mirage sans visage revient de l'au-delà d'au-delà de l'horizon
et par terre sa vie s'éparpille mord la poussière de béton calciné y laisse la marque d'un homme de l'Homme battu abattu coi sans émoi muet comme toi qui le vis tomber sans bouger
il rêve une ultime fois il rêve qu'il monte monte monte monte monte s'élève et sage comme un roi mage s'installe sur son immense terrasse à regarder vivre cette ville qu'il aime cette ville sa vie cette vie dont il but même la lie cette vie qu'il n'a plus partie finie
désormais il n'est plus plus qu'empreinte d'Homme sur travail d'hommes d'hommes en construction plus qu'une fin de non-vie plus qu'une promesse avortée
rien moins que rien paquet flasque de chairs et d'os enchevêtrés fatigués paquet mal ficelé paquet précipité des cimes des paquets amoncelés de ses espoirs déçus
il n'est plus rien sur la chaussée rien rien qu'une trace qu'efface la circulation rétablie
dans les journaux quelques mots vides incongrus
« inconnu saute dans le vide »
avides menteurs à vie avides de vie
à vie le vide avide avait pris d'assaut l'inconnu
quelqu'un crache par terre un enfant casse un jouet
quelqu'un songe à partir un pèlerin entreprend le retour
quelqu'un féconde la douce folie un homme apprend à penser
quelqu'un pense à apprendre un poète part à songer
quelqu'un apprend à partir la vie reprend le départ
toute nuit enfante une aube
toute aube est chargée de possibles nuits avortées
pedro vianna Paris, 5.VII.1980 in Bribes
Retour
en haut de la page
|
|